Quel est l’élément déclencheur dans votre démarche environnementale ?
Je suis d’origine chilienne et dans mon pays les ressources sont fondamentales. C’est pourquoi dès mes études d’architecture au Chili je me suis orientée vers la bioclimatique et j’ai complété ma formation par un Master européen « architecture et développement durable » organisé conjointement par l’école polytechnique fédérale de Lausanne, l’École nationale supérieure d’architecture de Toulouse et l’Université Catholique de Louvain. Il a pour objectif de donner aux participants les connaissances nécessaires à la programmation, à la conception et la réalisation de bâtiments et d’espaces publics dans le cadre d’un développement durable. L’accent est mis sur l’interaction bâtiment-climat avec un souci d’optimisation énergétique et de prise en compte des impératifs environnementaux. C’est là où du reste j’ai rencontré mes 2 associés.
Vous êtes nouvelle adhérente à l’ICEB, qu’est ce qui a motivé votre adhésion ?
Invitée à un ICEB café il y a 2 ans par TRIBU, j’ai pris connaissance de l’association. Je me suis sentie tout de suite très à l’aise avec des gens concernés qui savent débattre et écouter sans être dans un carcan trop formel. L’idée était de rencontrer les gens qui parlent la même langue et capable de dépasser les règles de l’art. Par exemple aller au delà des matériaux et des systèmes constructifs conventionnels.
Comment définiriez-vous dans vos réalisations la valeur ajoutée environnementale?
Chez nous (Atelier D) on ne sait pas différencier la valeur ajoutée environnementale, on préfère parler de valeur tout court. Car c’est totalement intégré dans notre démarche au niveau des matériaux, de la conception des espaces de vie jusqu’à la modification du programme si nécessaire. Nous sommes cohérents et nous considérons que nous n’avons pas besoin de considérer le développement durable comme une chose en plus. Il fait partie intrinsèquement de notre métier. Pour moi la valeur ajoutée c’est du marketing, alors que la valeur architecturale c’est le sens de nos réalisations.
Dans l’exercice de votre métier quelles sont les motivations qui vous animent ?
Lors de mes études, un de mes professeurs nous à dit : « l’architecture c’est un mode de vie » on vit au travers de l’architecture même si on est pas architecte. L’architecture est omniprésente. Je suis absorbée par mon métier, je construis pour améliorer la qualité de vie des gens avec un moindre impact environnemental. Pour résumer mon métier ; il consiste à concilier environnement et mode de vie, c’est un défi et une passion à la fois c’est ça qui m’anime au quotidien !
Quelle est votre perception de l’ICEB?
J’ai une bonne perception de l’ICEB au travers des ICEB café et des nombreux groupes de travail dans lesquels les membres sont présents. Les activités de l’association sont multiples ce qui n’empêche pas une certaine légèreté dans les échanges, ce qui n’existe nul part ailleurs. Ce foisonnement que j’ai découvert parmi les membres de l’association entre intensité et légèreté me convient.
Quelles seraient vos suggestions pour faire évoluer l’association ?
Selon moi, l’association manque de visibilité, elle n’est accessible qu’à un groupe d’experts, alors que les thèmes abordés devraient intéresser et impliquer beaucoup plus de professionnels de la conception eco-responsable. La prochaine conférence de septembre avec CO2D est un très bon moyen d’ouverture sur d’autres publics. Mais ce sujet est en train d’évoluer rapidement avec les actions collectives comme le OFF du DD qui montre les réalisations exemplaires.
Quels sont vos projets en cours et le projet idéal ?
Nous avons gagné en association avec Méandre etc. l’Ilot bois biosourcé à Strasbourg qui est actuellement en développement, et nous travaillons sur plusieurs projets de rénovation de bâtiments à Paris. En Guyane nous travaillons sur l’aménagement du site du parc de Montravel avec un travail particulier sur les matériaux locaux.
Autrement, nous travaillons à l’international : Burundi, Algérie, Chili, etc. Au Burundi, nous sommes en train de livrer le bâtiment pour la Cour Suprême du Burundi à Bujumbura, un bâtiment bioclimatique en construction brique traditionnelle en terre cuite et en terre crue faites sur place. En Algérie nous travaillons sur le tribunal model à développer pour le PNUD. Et au Chili, nous travaillons dans la régénération urbaine d’un quartier à Santiago du Chili, avec une forte composante de participation citoyenne, ce projet comportera aussi un programme de logements et d’équipement.
Concernant le projet idéal, ceci est plus difficile à répondre, mais comme principe c’est un projet que se fait dans l’harmonie entre les différents acteurs et l’environnement. Où nous faisons partie intégrante de l’écosystème où on s’insère et en plus, une fois le bâtiment livré, les habitants ou occupants se sentent bien dedans et sont heureux d’utiliser le bâtiment et/ou l’espace publique