Relaxe des décrocheurs
Des écologistes désobéissants, ayant décroché le portrait d’Emmanuel Macron dans des mairies, ont été relaxés par la justice le 16 septembre dernier (en annexe, quelques extraits et passages surlignés du jugement de la cour d’appel de Lyon).
L’ICEB estime ce jugement remarquable à plusieurs titres, lesquels sont complètement imbriqués :
- La justice reconnait la légitimité d’actions de désobéissance civile, dès lors qu’elles sont justifiées et proportionnées ;
- L’inaction climatique est selon ce jugement une cause qui justifie des actions;
- Les inactions de l’état sont quantifiées, et ajoutent ainsi à la justification de telles actions ;
- L’une des justifications est de dire que soit l’état doit agir, soit il doit constater son incapacité ; or, cela peut ouvrir le champ à d’autres types d’actions, autour de la notion de reconnaissance de sa propre incapacité (aux Etats Unis on parlerait de « parjure » à propos de mensonges officiels) ;
- Enfin, une phrase assez absconse mais très intéressante : «[…] le décrochage […] doit être interprété comme le substitut nécessaire du dialogue impraticable entre le Président de la république et le peuple […]».
En synthèse, ce jugement correctionnel est une reconnaissance de la justice française pour les actions de désobéissance civile au nom de la protection du climat et de la nature.
Une sorte de post « cycle hors-la-loi, pour dépasser la loi », en mode action
Pour mémoire, à l’occasion de la COP 21, l’ICEB et CO2D avaient lancé une série de conférence sur le thème « Hors la loi, pour dépasser la loi ». Des professionnels de la conception écoresponsable, architectes, ingénieurs, avaient témoigné de leurs difficultés à réaliser des bâtiments à la hauteur des enjeux du changement climatique et du dérèglement énergétique. Difficultés qui les amènent souvent à se situer hors des standards, normes ou réglementations pour les dépasser.
Or, ce jugement doit nous interroger sur plusieurs choses autour de nos modes d’actions concrets lorsque en construisant, nous « dézinguons » le climat et la nature, le plus souvent au nom du respect des règles, normes, DTU, labels et autres dictats des lobbys industriels.
Voici donc l’appel de l’ICEB à la profession « La justice française reconnait les actions de désobéissance civile au nom de la protection du climat et de la nature, et nous, bâtisseurs, que faisons-nous ? »