SUJET
FDES et bases de données ACV « Performance énergétique des bâtiments neufs »
Olivier Servant et David Juin ont présenté aux 40 participants à l’ICEB café les lois structurantes de la démarche de performance énergétique des bâtiments en France.
« Grenelle 1 » programmation : les objectifs visés pour les bâtiments qui représentent 40% des consommations en France.
Loi des finances 2009 : les moyens financiers mis en œuvre, par l’État.
« Grenelle 2 » les dispositions légales prises pour atteindre les objectifs fixés
(voir le pdf ci-joint)
Il ressort de cette première partie de l’ICEB café que l’obtention d’un label et/ou d’une certification deviendra une condition pour bénéficier des aides fiscales, des bonus de constructibilité, des prêts à taux zéro, …
Actuellement, il s’agit des labels HPE, THPE, BBC d’Effinergie, des certifications HQE de Certivéa pour le tertiaire et H&E de Qualitel pour les logements.
Les performances à atteindre fixées dans ces labels et certifications sont calculées à partir des méthodes de la RT 2005.
Ainsi, les règles de calcul de la RT 2005 qui étaient des calculs de vérification réglementaire deviennent des outils de conception architecturale, technique et environnementale.
Certains défauts sont alors de véritables freins à une conception ambitieuse et innovante.
Dans une seconde partie de débat, quelques exemples sont évoqués par les participants à l’ICEB café (qui sont des praticiens engagés) :
- Non prise en compte des performances et nature de l’énergie des réseaux de chaleur.
La RT 2005 ne prend en compte que les systèmes situés dans le périmètre du bâtiment.
Cette disposition du calcul va à l’encontre des tentatives de mutualisation à l’échelle d’un îlot ou d’un quartier et des programmations de centrale de production locale qui sont très intéressantes en terme de Développement Durable.
L’argument du législateur serait la pérennité des performances. Une chaufferie mutualisée serait elle moins pérenne qu’une chaudière individuelle ?
- Dans les programmes d’hôtel, un des postes importants de consommation énergétique est la production d’ECS. Les ratios de ces consommations sont liés au classement (nombre d’étoiles) de l’hôtel et d’un scénario d’usage conventionnel de la RT.
Le choix d’un maître d’ouvrage de mettre des douches moins consommatrices plutôt que des baignoires ne peut être pris en compte dans le calcul sous prétexte que l’on ne peut vérifier la durabilité de ce dispositif (pourtant une salle de douche ne peut être spatialement transformée en salle de bain – question de m²)
Le mode de calcul amène finalement à des contre-performances.
Des bâtiments très moyens pourraient être labellisés BBC alors que d’autres bien plus performants en réalité n’atteindraient pas les résultats sur le calcul.
Les praticiens de l’ICEB évoquent le problème de la fiabilité des calculs et au final, s’il est si facile d’atteindre les exigences du label avec les calculs de la RT 2005, pourquoi faire l’effort (et la dépense) de simulation thermique dynamique et de dispositifs plus performants dans le bâtiment.
- La ventilation double-flux est pénalisée par le calcul réglementaire par rapport à la ventilation hygroréglable. Ce qui est dommageable pour la qualité de l’air intérieur. Cela a été mis en évidence par l’OQAI (Observatoire de la Qualité de l’Air intérieur) : la moitié des logements étudiés ont une mauvaise QAI due aux ventilations mécaniques.
- Avec les calculs de la RT 2005, on donne l’impression aux maître d’ouvrage qu’un bâtiment isolé par l’intérieur, des menuiseries métalliques et une ventilation hygro B atteint les 50 kwh/m²/an. Pourquoi en faire plus ? Cela semble grave aux participants puisque l’Etat au travers du réglementaire, cautionne la tendance commerciale à privilégier la performance du système technologique sur l’efficience énergétique du bâtiment. Aujourd’hui, ce sont les performances technologiques du matériel industriel qui sont privilégiées par les calculs plutôt que la performance intrinsèque du bâtiment qui serait atteinte par une conception bioclimatique intelligente.
Les membres de l’ICEB pensaient que la démarche environnementale serait une occasion de valoriser et tirer vers le haut les savoirs faire du bâtiment plutôt que de vendre des process industriels.
- Il faut développer les techniques de climatisation naturelle qui sont maltraitées par les calculs aujourd’hui. Certains logiciels de calcul ne prennent pas en compte les données pourtant prévues par la RT 2005.
Ces logiciels n’ont pas été validés mais ils sont utilisés pour la conception. Pourtant, la RT 2005 inclut aujourd’hui une règle de calcul pour la ventilation naturelle par ouverture des fenêtres et ventilation naturelle hybride (ASTATO, VTI …). Seul un logiciel de calcul réglementaire a intégré cette règle. Cela pose aussi la question de la compétence des utilisateurs.
- Les besoins de froid dans la restauration scolaire ne sont pas comptabilisés.
- Les recommandations d’éclairement à 400 lux par l’Education Nationale sont excessives (300 lux suffiraient). Sans parler des bureaux où la norme réclame 500 lux. Ne serait ce pas une manière de vendre un plus grand nombre de luminaires ?
- La consommation d’électricité nécessaire à la ventilation des parkings, des CTA ou à l’évacuation de la chaleur produite par l’éclairage dans les centres commerciaux ou des ordinateurs dans certains lieux de travail n’est pas prise en compte.
Cette liste n’est pas exhaustive.
D’où l’importance, aux yeux des membres de l’ICEB, de ce titre V de la RT 2005 qui devrait permettre d’étudier les cas particuliers où un système ou produit n’est pas prévu dans la méthode de calcul (Th-C-E) de la RT 2005.
La DHUP entend bien ces remarques.
La RT 2012 est en cours d’élaboration et devrait corriger certaines de ces incohérences.
La DHUP propose aux membres de l’ICEB de prendre part au groupe de travail « acteurs de la construction » en vue de l’élaboration de la RT 2012.
L’objectif est de faire remonter des informations quantifiées et justifiées pour une meilleure prise en compte de l’expérience des praticiens/concepteurs du bâtiment et de l’environnement que sont les membres de l’ICEB.
INTERVENANTS
David Juin
Olivier Servant
RESSOURCES
LIEU
La Maison de l’Architecture en Ile-de-France
148 rue du Faubourg Saint-Martin, 75010 Paris
Métro : Gare de l’Est