SUJET
Le Solar Décathlon est une initiative américaine organisée la première fois en 2002.
Il s’agissait, à l’origine, d’une compétition de conception et de construction de maisons individuelles solaires, entre plusieurs équipes composées d’étudiants architectes ou ingénieurs, constituées en général en fonction de leur pays et ville d’appartenance.
Le concept s’est ensuite dupliqué dans d’autres continents.
Un Solar Décathlon a eu lieu en 2013 en Chine, un prochain aura lieu en 2015 à Cali en Colombie.
L’Espagne en a organisé deux à Madrid en 2010 et 2012.
En 2014, ce fut au tour de la France d’être le pays hôte.
Le lieu choisi a été une friche de quatre hectares dans le Parc du château de Versailles.
44 candidatures ont été reçues, 20 équipes retenues provenant de 16 pays (d’Amérique latine, d’Amérique du Nord, de Taiwan, du Japon, d’Europe), et 800 décathlètes.
Lors de cette édition en France et des premières européennes, l’esprit de la compétition a été modifié pour étendre le concours à l’habitat collectif et jouer sur la densité, la mobilité (notamment des véhicules électriques), la sobriété, l’innovation (pas forcément dans les nouvelles technologies), l’accessibilité financière, et l’intégration dans l’environnement urbain.
L’évaluation s’est faite par un jury international.
Dix épreuves étaient notées : architecture, , ingénierie, efficacité énergétique, confort électrique, communication, design urbain et transport, innovation, développement durable.
Des mesures multicritères ont été effectuées par capteurs : condition de confort, qualité de l’air, humidité, COV, éclairage, acoustique.
Quatre thématiques avec une majorité d’habitat collectif ont été retenues :
- Résilience contre les catastrophes naturelles qui a intéressé les équipes du Japon et du Chili
- Personnes âgées et territoires denses
- Construction sur des terrasses
- Nouvelles technologies
La phase de conception des projets des équipes retenues a duré 2 ans.
La compétition en tant que telle, à Versailles, a duré 34 jours.
Les 13 premières équipes ont été dans un mouchoir de poche.
Le gagnant a été l’équipe de l’université de Rome qui a créé un habitat social.
Le 2ème a été l’équipe nantaise.
Le 3ème a été l’équipe hollandaise pour une seconde peau sur des maisons existantes.
Le 5ème a été un immeuble suisse conçu pour la co-location.
Le 6ème équipe mixte de la Rochelle et de Valparaiso : un module d’urgence après une catastrophe naturelle, un second module avec eau et électricité, un troisième module pour habiter
Equipe nantaise Phileas, Bettina Horsch (architecte et ingénieure, enseignante à l’Ecole d’architecture de Nantes) et Rémy Lemoine, architecte.
Bettina Horsch
Atlantic Challenge était composé de l’école d’architecture, de l’école supérieure du bois, de l’école centrale de Nantes, mais aussi de l’école de design, Sup de Com’, et l’Université de Nantes.
La pluridisciplinarité et l’ouverture multiculturelle ont été le mot d’ordre.
Les étudiants étaient mobilisés pendant un an et demi, ce qui implique que les écoles devaient adapter leur pédagogie.
Un groupement d’intérêt scientifique (GIS) a été créé pour le projet : Cluster Novabuild, CCI, les trois écoles, AIA et SCE.
La fabrication du prototype a duré trois mois.
Des partenaires ont financé 560 000 €.
Rémy Lemoine
Volonté de réutiliser le cadre bâti, d’enrichir le tissu social et de fertiliser le sol sur une terrasse.
Choix du Quartier du Bas-Chantenay avec une dimension de friche, une renaissance par la végétation.
Il fallait travailler sur l’urbain, le bâtiment et le prototype pour le concours (Philéas).
Souci de la mobilité, idée d’un cœur fertile autour du Cap 44 qui est un bâtiment construit en 1895 (premier en auto-poutre), mais mal aimé des Nantais.
Il fallait enlever la façade des années 70, retravailler la structure du bâtiment pour y amener de la lumière, ramener des fonctions avec des balcons et des loggias sur la Loire, utiliser la toiture avec des serres.
Nous avons conçu une activité maraichère professionnelle pour une viabilité économique.
Les bureaux étaient sur la façade nord et des logements sur la façade sud.
Nous avons utilisé un système de ventilation, et un atrium qui permet de ventiler naturellement. La loggia est une protection contre le soleil en été et permet de chauffer en hiver.
Un potager en carré permet que les plantes s’aident à pousser. Il aura un rôle d’alimentation, mais aussi de pédagogie.
Le montage à Versailles a duré 10 jours en trois-huit : fondations et modules.
Les points positifs du projet :
- Application dans le réel de la théorie qui apprend à devenir architectes et non pas à faire de l’architecture.
- Il faudrait travailler mieux ensemble entre architectes et ingénieurs car on ne se comprend pas au début.
- Ce fut un projet pédagogique très motivant dont le le temps est le pire ennemi
Alain Bornarel
Alain Bornarel était membre du jury développement durable.
Les points positifs :
- Grande mobilisation et enthousiasme des étudiants
- Ils ont appris à travailler entre étudiants de diverses spécialités
- Cela permet aux étudiants d’aller au bout d’une réalisation
- Echange entre les équipes
- Contextualisation des projets dans la villes, les modes de faire
Points à améliorer :
- Schizophrénie entre un pavillon construit où l’on vit qui est complétement passif (destiné à être un logement) et le pavillon à Versailles (qui est un pavillon d’exposition) avec des climats très différents qui nécessite parfois d’ajouter de la climatisation
- Inégalités entre les équipes issus de pays riches (ressources, sponsors) et de pays plus pauvres (Roumains, Indiens)
INTERVENANTS
Bruno Mesureur, directeur des affaires internationales du Groupe CSTB International, Président de CSTB Solar Décathlon
Alain Bornarel
Equipe nantaise Phileas, Bettina Horsch (architecte et ingénieure, enseignante à l’École d’architecture de Nantes) et Rémy Lemoine, architecte.
Questions-Réponses avec la salle
Michel Le Sommer
Les systèmes de climatisation ou de chaleur étaient-ils compatibles avec le développement durable ?
Alain Bornarel
Tous les bâtiments avaient leur pompe à chaleur pour faire du chaud et du froid car il fallait une température de 25 degrés dans le bâtiment
Cela nécessite de faire du higtech
François-Xavier Monaco
Ne peut-on pas imaginer que le concours soit entre des bâtiments construits dans leur pays ?
Bruno Mesureur-CSTB
C’est un show de communication et le souci de créer l’émulation et la coopération.
Il y a l’idée de laisser l’exposition plus longuement
Si chacun reste dans son pays, on risque de perdre cette dimension.
Cela dit l’évaluation de la contextualisation du bâtiment peut être délocalisée.
Question de la salle
Les prototypes des surélévations étaient-ils reproductibles ?
Bruno Mesureur-CSTB
Il n’y a eu que 4 prototypes de surélévation
Alain Bornarel
Mobilisation du tissu industriel local
Question de la salle
Est-ce que les prototypes vont être rachetés ?
Bruno Mesureur-CSTB
Il semble qu’au Chili, des commandes du prototype ont eu lieu.
En général, ça correspondait à des besoins dans chaque ville.
Le pavillon nantais est à l’entrée de l’École centrale.
Question de la salle
Comment les idées sont reprises d’une année sur l’autre ?
Bruno Mesureur-CSTB
Il faut tracer les évolutions et ne pas faire un catalogue des projets.
Question de la salle
Est-ce possible de faire un Solar Decathlon en décembre ?
Bruno Mesureur-CSTB
L’évaluation est faite sur une année avec des simulations.
LIEU
La Maison de l’Architecture en Ile-de-France
148 rue du Faubourg Saint-Martin, 75010 Paris
Métro : Gare de l’Est