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  • Retours sur l’ICEB Café « Nucléaire : tour d’horizon des enjeux et risques »

    Alors que les premiers textes de la RE2020 semblent inciter à une revalorisation forte du chauffage électrique [1], il nous a semblé intéressant et opportun d’inviter Bernard Laponche, expert [2] du sujet nucléaire, qui a bien voulu accepter de nous donner un tour d’horizon des enjeux et risques du nucléaire, en France et dans le monde.

    En complément, Colin Reynier, architecte, agence DATA, a accepté de témoigner de sa visite à Tchernobyl en 2016, photos à l’appui.

    L’ensemble de l’intervention est visionnable là :

    ou entendable ici :

    .

    Quelques repères :

    • Jusque 57min30 : présentation de Bernard Laponche
    • Jusque 1h46m35 : Questions-Réponses
    • Ensuite, témoignage illustré de Colin Reynier

    Ces interventions interviennent la veille de la fermeture définitive de la centrale nucléaire de Fessenheim et quelques heures après le discours d’Emmanuel Macron, en réponse à la convention citoyenne sur le climat, s’engageant désormais à refuser les « externalités négatives ».

    Quelques slides clés de l’intervention de Bernard Laponche, concernant les coûts du nucléaire et des différentes énergies, démontrent en particulier l’ineptie du nucléaire sur une stricte base économique – et climatique aussi puisque les ENR sont plus vertueuses pour le climat. Ces éléments montrent aussi qu’au niveau mondial, les investissements récents donnent la part belle aux énergies renouvelables.

    Ci-dessous le détail des questions posées à Bernard Laponche :

    • Nous sommes nombreux à  souhaiter que la part du nucléaire soit réduite dans la production d’électricité. Jean-Marc Jancovici critique véhémentement solaire et éolien parce leur production n’est pas pilotable. Qu’en pensez-vous ?
    • Et la fusion ? Est-ce que les recherches sur ce sujet continuent ?
    • Allemagne et sortie du nucléaire : le retour du charbon ? et Nucléaire et Climat (retranscription sommaire de la réponse ici)
    • Les risques : Fukushima et le Blayais
    • Sur l’impact futur du changement climatique : températures plus élevées, pénuries d’eau
    • Quel est le niveau de publicité des risques ?
    • Peut-on dire que les voitures électriques sont « propres » ?

    Retranscription de la réponse sur l’Allemagne – Nucléaire et Climat :

    Tout le monde dit que l’Allemagne en quittant le nucléaire, a augmenté le charbon : c’est faux. Vous pouvez aller sur le site de Global Change, j’ai fait une note là-dessus. […] La production d’origine renouvelable en Allemagne a plus que compensé la baisse du nucléaire. L’Allemagne est exportatrice d’électricité à base de charbon mais les échanges sont toujours favorables à l’Allemagne : l’Allemagne exporte plus qu’elle importe de la France. […]
    Le raisonnement allemand est le suivant : nos centrales nucléaires sont plus sûres que celle des autres mais il y a toujours un risque d’accident et les déchets radioactifs, c’est la plaie. Donc on arrête, car on a d’autres moyens dont les ENR. […]
    Sur le nucléaire et le climat : le nucléaire émet du CO2, entre 50 et 100 gCO2 / kWh – donc c’est pas 0,c’est faible. […] Dans les autres énergies fossiles, il y a une forte différence entre charbon (900 g CO2/kWh) pétrole (750) et gaz à cycle combiné (350).
    On gagne plus en passant du charbon au gaz à cycle combiné qu’en passant du gaz au nucléaire. […] Par ailleurs, on pourrait faire plus d’économies d’électricités. […] Le nucléaire a des externalités négatives énormes : les rejets, les déchets, l’accident.

    Au niveau mondial à présent : le nucléaire c’est 2,5% de la consommation finale d’énergie mondiale – idem dans le poids carbone climat. J’avais fait le calcul : si je supprime les centrales il faut compenser en augmentant de 2,5% la production d’électricité du parc mondial. Le seul pays qui en souffrirait vraiment c’est la France – les autres sont autour de 15-20% de part … Et le Japon a survécu à la perte de 22%. […] Pour avoir un certain effet sur le climat du nucléaire il faudrait 10% de part du nucléaire dans le monde. On est à 400 réacteurs. ça veut dire construire pour avoir 2000 réacteurs… c’est impensable. Il faudrait un temps qui dépasse largement la période de 20-30 ans où on nous dit que c’est absolument décisif.
    Donc au niveau mondial, le nucléaire pour baisser les émissions CO2, ça n’a pas de sens. »

    Quelques sources données par les intervenants et les participants :

    [1] Avec notamment une baisse envisagée du coefficient de conversion d’énergie primaire de l’électricité de 2.58 à 2.3. L’ICEB fait partie des dix-huit associations signataires d’une lettre ouverte demandant notamment de ne pas baisser le coefficient d’énergie primaire de conversion.

    [2] Bernard Laponche est polytechnicien, docteur ès sciences en physique des réacteurs nucléaires, docteur en économie de l’énergie, Bernard Laponche a travaillé au Commissariat à l’énergie atomique (CEA) dans les années 1960 et 1970. Responsable syndical à la CFDT dans les années 1970, directeur puis directeur général de l’Agence française pour la maîtrise de l’énergie (AFME, aujourd’hui ADEME) de 1982 à 1987, il a poursuivi de 1988 à 2012 une activité de consultant international (pays de l’Est et de la Méditerranée, Chine…)  dans le domaine de la maîtrise de l’énergie (cofondateur du bureau d’études ICE) et a été conseiller technique de Dominique Voynet pour l’énergie et la sûreté nucléaire en 1998-99. Il est cofondateur et membre des associations Global Chance et Energie Partagée et co-auteur de « Maîtrise de l’énergie  pour un monde vivable » et « En finir avec le nucléaire,  pourquoi et comment ».

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